Le soulèvement du maquis

Discours de Marcel Thomas, ancien résistant & président du comité des fêtes en 1955 – Le 22 mai 2015

Le 6 juin 1944 le maquis de Corcieux-Taintrux chargé de mission spéciale doit être le détonateur de l’embrasement du massif vosgien pour créer un îlot de résistance, retardant le mouvement des renforts allemands se dirigeant sur le front de Normandie où viennent de débarquer les alliés anglo-américains et français. À un contre dix, les maquisards neutralisent la garnison de Taintrux, détruisent le poste de radars des Clairs Sapins, font des prisonniers, mais le détonateur fera long feu car les maquis voisins n’ont pas reçu les parachutages annoncés et n’ont pu remplir leur mission.

Les 70 avions cargo chargés d’armes, de munitions de vivres, de matériel sanitaire etc. sont restés sur leur base en Angleterre, ordre du président Roosevelt, qui craint d’armer des maquis communistes susceptibles de prendre le pouvoir alors qu’Eisenhower arrive avec, dans ses bagages, une administration américaine. […]

Le résultat de la décision du président des États-Unis ne se fait pas attendre. Le colonel Grandval a beau câbler à Londres que les maquisards sont démoralisés, se sentent abandonnés, le Général Koenig, chef de la résistance française, prêche sur ordre la modération dans l’action et le secteur de Corcieux paiera dans le sang et les premières ruines un espoir de libération illusoire. Sur la soie rouge de notre drapeau était inscrit “la liberté ou la mort”.

62 d’entre nous sont tombés, soit en combat ou fusillés après torture ou encore, victimes d’une mort lente dans les camps de déportation. Leur nom est gravé sur l’une des cloches, baptisée Odile, fille de M. Baradel, maire de Corcieux à l’époque, laquelle donne le mi au cours de son carillon.

Sur le plan militaire ce sera un succès car nous avons retenu dans le secteur deux divisions de bonnes troupes qui auraient été utiles sur les plages normandes alors que le combat était encore incertain. Mais sur le plan humain et matériel ce sera une catastrophe. Dès septembre 44, ce sont les réquisitions de camions, automobiles, motos, vélos, postes de TSF, matelas, lampes électriques, pomme de terre, fourrage et même vêtements, etc. j’en passe.

L’avance alliée ne se précise qu’en octobre et les gens vivent dans les caves sous une pluie d’obus.

Retrouvez l’intégralité du discours de Marcel Thomas dans le bulletin spécial.

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